Comme beaucoup de (vieux) joueurs, vous gardez sans doute un souvenir ému de Secret of Mana lancé il y a 30 ans sur Super Nintendo. Au fil des années, la saga Seiken Densetsu (ou Mana chez nous) a connu plusieurs opus, l’épisode précité étant d’ailleurs le deuxième de la série, après Mystic Quest sur Game Boy. Après un revival HD (raté) en 2018 et un Trials of Mana somme toute très moyen en 2020, la série revient en 2024, avec ce Vision of Mana. Un nouvel épisode inédit, tout beau, tout neuf, avec la ferme intention de redorer le blason de cette licence légendaire.
Visions of Mana, le test complet !
Pour ce Visions of Mana, Square-Enix a mis les petits plats dans les grands. En effet, voilà 15 ans qu’un “vrai” nouvel opus était attendu par les joueurs, et pour l’occasion, divers créateurs originaux sont aux commandes. Depuis son annonce, Visions of Mana joue d’ailleurs la carte nostalgie, avec évidemment l’indémodable arbre Mana, tout en promettant un action-RPG somme toute moderne, avec les codes d’aujourd’hui.
Côté scénario, dans le monde de Visions of Mana, des habitants sont élus par les différents éléments, afin de servir d’offrande à l’Arbre Mana. En absorbant leurs âmes, ce dernier permet gloire et prospérité pendant 4 ans. A contrario, c’est le chaos et la désolation qui attendent les zones qui n’auront pas fourni la moindre âme. Ici, on incarne Val, un gardien d’âme, dont la mission sera d’escorter Hina, l’élue de Feu (et de son coeur), jusqu’à l’Arbre Mana. Pour cette dernière, c’est un honneur d’avoir été choisie comme offrande.
Ainsi, pour nos amoureux Val et Hina, tout démarre très joyeusement tel une escapade romantique en Camargue. Ceux-ci vont rapidement faire la connaissance d’autres élus, mais également découvrir que cette offrande ne leur offre pas un avenir aussi radieux…
Un démarrage poussif, mais…
Soyons clair d’emblée, Visions of Mana risque (fort) de ne pas vous transporter dès les premiers instants. En effet, la mise en scène est assez poussive, et quand bien même cela permet d’appréhender progressivement les diverses mécaniques de jeu, ce dernier tient le joueur par la main pendant quelques heures. Comptez 4/5 bonnes heures environ avant de voir l’aventure décoller pour de bon et de bénéficier enfin d’un peu de liberté Pour autant, et c’est assez paradoxal, le jeu peine à prendre son temps par moments, avec certaines séquences sont (trop) vite expédiées.
Gardez en tête toutefois que le jeu vous prend par la main tout au long de l’aventure, même s’il sera possible de retourner dans les zones précédentes pour y découvrir certains secrets inaccessibles lors d’un premier passage. Au bout de quelques heures, l’intrigue prend une nouvelle tournure, tout comme l’aura des différents personnages, plutôt bien travaillés, et auxquels on s’attache rapidement. Un très bon point.
L’autre bon point concerne les combats, avec des affrontements en temps réel vraiment très agréables, très dynamiques. Au fil des heures, on maitrise toutes les spécificités du système, et notamment les Reliques, qui permettent de changer la classe de son personnage, en lui affublant en prime les pouvoirs d’un Elément (Eau, Feu, Terre, Lune…). Au total, on retrouve 8 reliques pour 5 personnages (3 seulement utilisables lors des combats), et oui, comme sur Super Nintendo à l’époque, on peut passer d’un personnage à l’autre via un simple bouton, lors de l’exploration comme des combats.
Un système de reliques très réussi, et même assez addictif, qui incite à essayer diverses combinaisons, ne serait-ce que pour le plaisir de visualiser l’animation associée, qui rappellera un petit côté Les Chevaliers du Zodiaque à certains. Evidemment, chaque classe permet de bénéficier de spécificités uniques, avec une attaque spéciale, mais aussi des atouts à déverrouiller via un arbre de compétences. Pas de panique, comme c’est le cas pour le jeu dans son ensemble, tout est très simple d’accès, très accessible.
A noter que l’IA des alliés est absolument exemplaire ici. Via les réglages on peut affiner leurs techniques (cibler le même ennemi, se montrer offensif/défensif, utiliser la magie…), mais globalement nos acolytes font le taf. Trop même parfois, puisque ces derniers sont capables d’éradiquer les ennemis en quelques secondes, tandis que l’on a donné trois coups d’épée. A ce sujet, en difficulté Normale, le jeu reste très permissif, avec cette volonté de se montrer accessible à tous. En résulte une progression très assistée, des combats très faciles (mis à part quelques combats de boss qui demanderont un peu plus de stratégie).
Techniquement loin d’être une légende (of Mana)
D’un point de vue strictement technique, ce Visions of Mana ne décolle pas la rétine… loin de là même. Certes, les villages sont nombreux, certains sont joliment animés, avec en prime une large palette de couleurs, mais les modélisations restent simples, tout comme les différents effets visuels… sans compter certaines textures bien hasardeuses parfois.
Les cutscenes (nombreuses) manquent également de jus, tout comme les visages des différents personnages manquent de vie. Attention, cela n’empêche pas de prendre un certain plaisir à explorer les lieux, avec en prime la rencontre de certains ennemis emblématiques.
Dommage toutefois que le jeu soit parsemé de nombreux (petits) chargements entre les différentes zones. On pourrait se montrer compréhensif sur une version Nintendo Switch (qui n’existe pas), mais sur PS5 et son “SSD magique”, on a davantage de mal à accepter. Côté exploration, dommage également que TOUT soit affiché par défauts sur la map, que ce soit les trésors, les checkpoints, les donjons liés aux reliques ou encore les objectifs de mission. Accessible on vous dit.
Malgré une sérieuse carence technique, certains plans s’avèrent très jolis, très envoutants même, mais l’ensemble a parfois ce petit quelque chose de “générique” qui fait perdre un peu de charme, un peu d’âme à ce nouveau Mana. On sent que tout a été pensé afin de rendre l’expérience vraiment très accessible, et c’est un chouia dommage parfois.
En parallèle, Visions of Mana joue à fond la carte de la nostalgie. On y retrouve évidemment les menus en anneaux lors des combats, sans oublier les marchands-danseurs ou encore (comme évoqué plus haut) des ennemis emblématiques de la saga. Les fans apprécieront.
De quoi permettre aux adorateurs de la série de passer outre certains défauts (la technique, le rythme très guidé, très haché…) pour se replonger dans un action-RPG “à l’ancienne”, mais en 3D. Bon, il y a des quêtes secondaires aussi, mais ces dernières n’ont strictement aucun réel intérêt ici, ni même le moindre côté original ou nécessaire pour débloquer un lieu/un objet (comme c’était le cas par exemple dans Final Fantasy XVI pour citer un autre A-RPG).
Enfin, côté durée de vie, en fonction de votre manière de jouer, comptez entre 20 et 30 heures pour voir le fin mot de l’histoire. On vous conseille évidemment de flâner un peu dans les différentes zones, afin de mettre la main sur un maximum d’XP, éradiquer les “ennemis uniques”, et de déverrouiller les arènes dédiées aux différents Eléments. Sans compter des groupes d’ennemis de niveau 50 qui vous narguent dès les premières heures, et que l’on peut (enfin !) corriger vers la fin de l’aventure.
Pas le jeu de l’année non, mais un action-RPG sympathique malgré tout, qui plaira d’autant plus aux fans de la série, les plus à même indiscutablement à pardonner les quelques faiblesses de ce Visions of Mana.
Test réalisé à partir d’une version PS5, fournie par l’éditeur.