Officialisé en 2022 au travers d’un superbe trailer, The Plucky Squire avait de quoi titiller la curiosité. En effet, celui qui est devenu Le Vaillant Petit Page chez nous, dévoilait alors un jeu très original, dans lequel on incarnait un jeune héros évoluant dans un conte pour enfants. Le trailer laissait entrevoir des phases en 2D au sein du livre, mais aussi des phases en 3D, une fois extirpé de l’ouvrage. Aux manettes de The Plucky Squire, un ancien de GameFreak (Pokémon) et le directeur créatif de The Swords of Ditto. Disponible depuis peu, voici notre test complet de Le Vaillant Petit Page sur PS5.
Le Vaillant Petit Page, ce n’est pas que pour les enfants
Dans Le Vaillant Petit Page, on incarne le héros Laiüs, entouré de ses deux amis d’enfance, tous trois évoluant dans… un livre pour enfants. Mais lorsque le maléfique Ragecuite découvre que c’est lui le méchant du livre, et que son destin est invariablement d’être vaincu par le camp du Bien, il flanque l’héroïque Laïus à la porte du livre. Résultat : l’histoire est changée à jamais, et les trois personnages de ce conte pour enfant découvrent un monde en trois dimensions à l’extérieur du livre dans lequel ils vivent.
Pas d’open-world ici, Le Vaillant Petit Page est au contraire très dirigiste, de la même manière que lorsque l’on tourne les pages d’un livre. Bien sûr, on a parfois droit à un chouia de liberté (avec des zones cachées notamment), mais globalement le jeu suit une trame narrative bien établie, avec en prime une histoire très joliment racontée. Alors certes, très originale au début, la structure du jeu devient un peu plus classique au fil des heures, mais Le Vaillant Petit Page parvient malgré tout à trouver sans cesse cette petite idée, cette petite mécanique originale, qui pousse à toujours aller de l’avant.
Côté progression, si les premiers pas sont très (très) aisés, il faudra par la suite faire marcher sa logique pour parvenir à résoudre certains puzzles. Rien de bien compliqué dans l’ensemble, sans compter que le jeu distille toujours des indices pour ne jamais frustrer le joueur. Généralement, il suffit de penser à utiliser ce nouvel objet/nouveau pouvoir que l’on vient d’acquérir, mais il faudra parfois aussi savoir tourner les pages du livre.
Au fil de l’aventure, on met la main sur différents pouvoirs qui permettront par exemple de déplacer des objets dans le livre, ou encore de détruire certains obstacles. C’est très malin, très bien réalisé, avec en prime divers « mini-jeux » eux aussi très amusants, faisant bien souvent référence à nos bons vieux jeux vidéo d’avant. On adore également cette forme de cohérence entre les deux mondes (l’histoire se passe dans le livre et dans le monde réel), mais aussi la mise en scène, parfois très (très) surprenante, dans le meilleur sens du terme.
Parmi les nombreuses qualités du jeu, impossible de passer sous silence l’extraordinaire travail effectué au niveau de la localisation française. Les textes à l’écran sont impeccables d’un part, les jeux de mots sont également légion (et certains frôlent le génie) mais la voix du narrateur (François Tavares) fait également des merveilles. Un jeu « tout en français » donc, et de qualité qui plus est.
Côté accessibilité, le jeu est relativement simple, mais il est également bourré d’aides et autres indices qui accompagneront constamment le joueur. Il peut arriver de rester « bloqué » face à un puzzle, mais cela reste très rare, puisque le jeu indique très souvent la marche à suivre, de lui même parfois, quand ce n’est pas une réplique de Barbelune (le mage blanc) qui nous l’indique.
A ce sujet, on a parfois l’impression que les développeurs n’ont pas eu suffisamment confiance en leur création, avec ce fait d’expliquer constamment la marche à suivre et cela, alors même que la plupart du temps, tout est parfaitement compréhensible et logique. Et ce fait de « spoiler » la marche à suivre, retire parfois un peu de ce plaisir éprouvé lors d’accomplissement par soi-même.
Quelques menus défauts quand même
Aussi original et rafraichissant soit-il, Le Vaillant Petit Page souffre également de quelques petits défauts. En effet, si dans un premier temps, du jeu émane une fraicheur et un renouveau presque digne du récent (et sensationnel) Astro Bot, contrairement au jeu exclusif à la PS5, Le Vaillant Petit Page pêche par quelques irrégularités. Oui, les trouvailles sont souvent géniales, et le concept même du jeu est très original, mais cela n’empêche pas certaines séquences un peu longuettes, et au contraire, des phases très surprenantes, mais que l’on traverse en une poignée de secondes.
Idem côté réalisation (sur PS5), avec cette dualité très réussie entre le livre pour enfant et son style très coloré, très pastel, et la (dure) réalité avec des éléments très authentiques et cette impression de réellement « sortir du jeu« , en brisant un quatrième mur. Malgré tout, certaines phases restent aussi assez pauvrettes, avec même un petit côté « Flash » par moments, et des mini-jeux pas toujours très folichons, à tel point d’ailleurs qu’il est possible de les « zapper » pour poursuive l’histoire.
A essayer malgré tout
Rien de grave attention, mais si Astro Bot nous impliquait à 100% du début à la fin, Le Vaillant Petit Page se montre un peu plus irrégulier dans son rythme, et il faudra même se forcer parfois à venir à bout de certains tableaux, un brin relous (et que l’on ne peut pas zapper pour le coup).
D’ailleurs, c’était déjà le cas dans The Swords of Ditto, mais si les combats sont très simples, notre bon Laïus a cette fâcheuse tendance à avancer légèrement lorsqu’il porte un coup d’épée. Cela a généralement pour effet de faire perdre un point de vie, et ces derniers peuvent très vite fondre comme neige au soleil. Et c’est parfois assez frustrant. Globalement, le jeu manque parfois d’un peu de profondeur côté gameplay, c’est simple et basique certes, mais par moments un chouia trop.
Côté durée de vie, l’expérience est originale, mais également relativement courte. Comptez entre 6 et 8 heures maximum pour voir le fin mot de l’histoire. Vous y reviendrez peut-être pour récupérer quelques artefacts manquants, mais la découverte des environnements et des mécaniques étant l’une des principales qualités du jeu, la rejouabilité n’est pas (et c’est logique) le point fort de ce Plucky Squire (mais rappelons que le jeu est également affiché à 30€).
Attention, Le Vaillant Petit Page est une excellente expérience narrative, à vivre en solo ou avec sa famille. Le concept est très original, la narration est vraiment trés réussie, avec en prime une localisation française irréprochable. Alors certes, quelques phases sont moins inspirées, les combats manquent un chouia de précision, mais ce n’est clairement pas le coeur du jeu ici. On prend un vrai plaisir à découvrir les mécaniques de jeu inventées par les développeurs, tout en suivant ce conte pour enfants plus interactif que jamais. A tester donc, si possible sur PS5 ou PC, la version Nintendo Switch ayant été sacrifié sur l’autel de la technique (comme Sonic Superstars (pour ne citer que ce jeu là) avant lui…).