Site icon THM Magazine

Notre test de Shadows of the Damned, en version Hella Remastered (sur PS5)

Nous sommes au début de l’année 2011, et Electronic Arts propose alors un certain Shadows of the Damned sur nos Xbox 360 et PS3. Lorsque Shinji Mikami (Resident Evil), Goichi Suda (No More Heroes), et Akira Yamaoka (Silent Hill) unissent leurs forces, le résultat ne pouvait être qu’intriguant, dérangeant et déjanté. Vous l’aurez compris, Shadows of the Damned était le fruit de cette collaboration atypique, un jeu qui mélangeait des éléments de survival-horror, d’action, d’humour noir et une direction artistique très singulière. En 2024, le jeu est de retour pour Halloween, en version Hella Remastered. Notre test de la version PS5.
© Grasshopper Manufacture

Shadows of the Damned est de retour (planquez les enfants) !

Sorti en 2011, ce jeu d’action à la troisième personne nous plonge dans l’histoire de Garcia Hotspur, un chasseur de démons au passé trouble qui doit descendre littéralement aux enfers pour sauver sa bien-aimée, Paula, kidnappée par le roi des démons en personne : Fleming. Si le scénario semble à première vue assez simple, c’est dans son exécution et son ambiance que Shadows of the Damned brillait (et brille encore aujourd’hui), avec un côté pour le moins « original« .
© THM Magazine
L’une des premières choses qui frappe dans Shadows of the Damned, c’est son atmosphère. Le jeu dépeint une version des Enfers aussi grotesque que fascinante. Les environnements sont sombres, macabres, mais traversés par des touches de lumière et d’humour parfois très inattendues. Chaque zone que Garcia explore est truffée de détails étranges, de monstres grotesques et de bizarreries visuelles qui évoquent à la fois les cauchemars les plus fous et les meilleurs moments des films d’horreur de série B. Les influences de Suda51 se ressentent fortement dans cette direction artistique audacieuse. Les Enfers sont ici un monde vivant et dynamique, un théâtre macabre où chaque coin semble dissimuler une nouvelle surprise dérangeante. Les jeux de lumière et d’ombre, sur lesquels repose une grande partie du gameplay, sont magnifiquement réalisés. Plonger dans l’obscurité est synonyme de mort lente, obligeant le joueur à utiliser des sources de lumière pour progresser.
© THM Magazine
A ce sujet, Shadows of the Damned est un jeu totalement décomplexé, ultra violent, mais avec également des touches d’érotisme plus ou moins subtiles. C’est lourdingue, c’est vulgaire, c’est grossier, c’est gras, c’est violent, c’est pipi-caca, ça démembre à tout va… et cela a quelque chose de « déroutant » en 2024 à vrai dire. Certaines serrures sont des têtes de gros bébé à qui on enfoncera une fraise ou un œil dans la gorge, notre dulcinée passe souvent de très mauvais moments, on boit de la tequila (ou du saké) pour se remettre de la santé et il y a même un peu de nudité… Le jeu est donc à réserver à un public vraiment averti.
© THM Magazine
A noter qu’il ne s’agit aucunement d’un remake ici façon Resident Evil, mais bien d’un « Remastered », soit un petit relooking de circonstance, des chargements réduits et des graphismes globalement plus « agréables » pour les mirettes. Pour faire simple, cette version constitue surtout la possibilité de jouer à Shadows of the Damned sur PS5 et Xbox Series finalement, un jeu qui ne respecte en aucun cas les « codes » du jeu vidéo tel qu’on le connait depuis quelques années. Visuellement, c’est vieillot oui, les environnements sont assez étriqués, mais cela n’empêche pas le jeu d’être parfaitement jouable.

Un gameplay très fun, mais répétitif malgré tout

Si l’univers visuel et l’histoire loufoque captent l’attention, le gameplay est tout aussi solide. Et pour cause, Shadows of the Damned emprunte très largement des éléments de gameplay (mais pas seulement) à un certain Resident Evil 4, lancé quelques années auparavant. et les mélange avec des mécaniques plus modernes. L’accent est mis sur des combats nerveux contre des hordes de démons, sans oublier divers boss, où Garcia doit jongler entre ses armes, et bien souvent utiliser la lumière pour affaiblir ses ennemis ou encore se sortir des ténèbres.
© THM Magazine
Le système d’armes est d’ailleurs l’un des points forts du jeu. Garcia est équipé de plusieurs armes démoniaques, chacune ayant un mode de tir alternatif et des fonctionnalités uniques. Son arme principale, Johnson, un démon polymorphe, peut se transformer en pistolet, fusil à pompe, en mitraillette à dents (oui oui…)…. Chaque arme possède ses propres avantages selon la situation, et le joueur est souvent amené à alterner entre elles en temps réel pour maximiser son efficacité contre les différents types d’ennemis.
© THM Magazine
Les combats, bien que relativement simples dans leur exécution, sont rendus intenses par la nécessité de jongler avec la lumière et l’obscurité. Certains ennemis ne peuvent être vaincus qu’après avoir été affaiblis en les exposant à une source de lumière, ce qui ajoute une dimension stratégique bienvenue (toutes proportions gardées) aux affrontements. Cette gestion de la lumière devient de plus en plus importante à mesure que l’on progresse dans le jeu, ajoutant une tension palpable, notamment lors des moments où l’obscurité menace d’engloutir Garcia.

Un jeu totalement décomplexé, façon film de série B des années 80

La musique de Shadows of the Damned, composée par Akira Yamaoka, est un autre point fort indéniable. Habitué à créer des ambiances oppressantes avec la série Silent Hill, Yamaoka démontre ici toute sa maîtrise en livrant une bande-son qui oscille entre le macabre, le rock et des sonorités plus atmosphériques. Chaque morceau semble conçu pour amplifier l’expérience immersive du joueur, qu’il s’agisse des moments d’action intense ou des phases plus contemplatives. A noter que le jeu peut s’avérer parfois un peu agressif, un peu épuisant, pour les oreilles.
© THM Magazine
Les effets sonores et les dialogues sont également bien conçus. Les interactions entre Garcia et Johnson (en anglais ou en japonais), souvent teintées d’humour noir et de double sens, apportent un contraste plaisant à la gravité de la situation. Ce ton décalé est l’une des signatures du jeu, qui ne se prend jamais au sérieux. A noter que le sous-titrage français est quant à lui toujours aussi prude, bien (bien) loin des voix anglaises, qui débordent de vulgarités. L’un des aspects les plus mémorables de Shadows of the Damned est sans conteste son humour. Suda51 est connu pour son style décalé et irrévérencieux, et cela transparaît à chaque instant. Garcia Hotspur, avec son allure de macho tatoué et son tempérament fougueux, est un protagoniste qui se démarque des héros classiques. Ses dialogues, souvent piquants, regorgent de remarques ironiques et de blagues parfois douteuses, mais toujours en adéquation avec le ton général du jeu. Ici, on adore.
© THM Magazine
Johnson, son compagnon démoniaque, apporte également une touche de légèreté. Son rôle de guide et d’arme multi-fonction génère de nombreuses situations comiques, surtout lorsque les discussions tournent autour des diverses transformations de ce dernier… et tant pis si cela est souvent en dessous de la ceinture. Ce cocktail d’humour noir, de dérision et de bizarreries fait de Shadows of the Damned une expérience unique encore en 2024, qui évite la monotonie, quand bien même certaines situations se répètent un chouia trop. Côté durée de vie, comptez 8/10 heures pour venir à bout du jeu en difficulté moyenne. Pour les complétistes, cette version 2024 ajoute un mode New Game+, et il sera possible d’essayer de mettre la main sur les différents gemmes rouges du jeu, qui permettent d’upgrader les armes, mais également la santé de ce cher Garcia. L’ensemble n’est pas extraordinaire attention, mais cela reste un bon divertissement/défouloir malgré tout. A tester donc, mais attendez-vous à une expérience totalement décomplexée, façon film de série B des années 80.

Notre avis concernant Shadows of the Damned

Shadows of the Damned n’était pas un jeu parfait en 2011, il ne l’est toujours pas en 2024. Il réussit toutefois à (re)captiver grâce à son univers visuel singulier, son gameplay solide et son ton irrévérencieux. Il se démarque dans le paysage vidéoludique par son ambiance marquée et son mélange audacieux de genres. C’est un jeu qui n’a pas peur de prendre des risques, de se montrer vulgaire, violent, et même si certains aspects peuvent sembler datés ou répétitifs, il offre une aventure que les amateurs de jeux d’action et d’univers gothiques apprécieront sans aucun doute.
Quitter la version mobile