Après un premier opus aussi surprenant que réussi, Hellblade est de retour en 2024. Annoncée en 2019 (en même temps que la Xbox Series X), cette suite a su prendre son temps. A base d’Unreal Engine 5, cet Hellblade 2 est clairement l’occasion pour Microsoft de faire la démonstration de la puissance de sa Xbox Series X. Et sans faire durer le moindre suspense, c’est tout à fait le cas ici. Hellblade 2 est une baffe technique colossale, sans doute l’un des plus beaux jeux vidéo de tous les temps. Mais est-ce vraiment un « jeu vidéo » au juste ?
Hellblade 2, une odyssée à la fois technique et narrative
En effet, le premier Hellblade disposait déjà d’une palette technique et artistique hors du commun, mais avec cette suite, les développeurs ont poussé tous les curseurs au maximum. C’est simple, Hellblade 2 est une véritable démonstration technique.
Les graphismes sont à couper le souffle, avec des détails incroyablement réalistes qui donnent vie à chaque scène. Les environnements sont variés et magnifiquement rendus, des paysages nordiques austères aux sombres profondeurs de l’enfer mythologique. Chaque élément est retranscrit de façon photoréaliste, et c’est juste saisissant de réalisme.
Là où Hellblade 2 brille également, c’est évidemment dans sa narration. Le jeu continue l’histoire de Senua, une guerrière picte hantée par des visions et des voix. La performance de l’actrice Melina Juergens est exceptionnelle, apportant une intensité émotionnelle qui rend l’histoire de Senua d’autant plus poignante. La motion capture est dingue, tout comme la modélisation des visages, et tant pis si certains gros plans sont un peu surjoués.
Evidemment, il est plus que conseillé de jouer à Hellblade 2 avec un (bon) casque audio vissé sur le crâne, afin de profiter pleinement de l’immersion procurée par le sound design très travaillé. Disposer d’un écran OLED est également un plus.
A noter que le jeu affiche des bandes-noires en haut et en bas de l’écran, c’est « normal », ce dernier étant au format 2.39:1. Une volonté des développeurs de proposer un rendu plus cinématographique.
Et force est d’admettre que Hellblade 2 est l’exemple même de la pure narration interactive. Evidemment, le joueur doit effectuer certaines actions, mais l’ensemble est non seulement très basique, mais surtout très guidé, très scripté. Là encore, c’est une volonté de la part des développeurs, et si certains joueurs apprécieront ce parti pris, d’autres se montreront vite frustrés face à un manque terrible (total ?) de liberté.
Rappelons d’ailleurs que ce Hellblade 2 n’est pas disponible en version physique. En effet, à l’instar d’un certain Alan Wake 2, le jeu de Ninja Theory n’est disponible qu’en version numérique… mais aussi sur le Xbox Game Pass.
Pas un jeu pour tout le monde ?
De son côté, le gameplay n’a pas connu d’évolution majeure par rapport au premier jeu. La progression se limite souvent à avancer en ligne droite, sans réelle exploration possible, si ce n’est quelques totems et autres visages à débusquer dans les décors. En réalité, le joueur est davantage spectateur qu’acteur dans Hellblade 2. Un parti pris assumé par les développeurs, qui souhaitent raconter une histoire, mais cela ne plaira pas forcément à tout le monde.
Par exemple, aucune forme d’inventaire dans Hellblade 2, pas d’évolution non plus, pas d’objets à utiliser, pas d’arme à collecter/faire évoluer, pas d’interface non plus en réalité… Idem du côté des choix, puisque le jeu impose absolument toutes les actions à réaliser de la première à la dernière seconde.
Là encore, c’est un choix, celui d’emporter le joueur au sein d’une odyssée purement narrative, et tant pis pour le gameplay finalement. Et si les décors sont sublimes, n’espérez pas la moindre interaction avec ces derniers, tout est désespérément figé dans Hellblade 2.
De leur côté, les combats ont gagné en intensité, en réalisme, en violence. On ressent la puissance des lames qui s’entrechoquent, on aperçoit les visages terrifiés ou enragés de nos adversaires. Toutefois, si les premières joutes sont impressionnantes, les combats s’avèrent vite répétitifs et longuets… Des combats en un contre un toujours, dans des arènes restreintes, et qui finissent assez vite par lasser, la stratégie à employer étant (presque) toujours la même (tout comme les ennemis d’ailleurs).
Côté progression aussi, Hellblade 2 se résumera souvent à pousser le stick gauche vers l’avant, afin de faire progresser Senua d’une cutscene à une autre. L’expérience générale est éblouissante pour les yeux et les oreilles, mais côté gameplay, force est d’admettre que cela reste très limité, très minimaliste.
A l’instar d’un The Order 1886 ou d’un Ryse: Son of Rome, Hellblade 2 est une forme de benchmark à lui tout seul, qui place la technique, la mise en scène et la narration au cœur du jeu. A noter que le jeu ne dispose pas de doublages français, et qu’il faudra donc jouer en VOSTFR (comme sur Netflix).
Enfin, pour ce qui est de la durée de vie, il nous aura fallu environ 5 heures pour boucler Hellblade 2. C’est court, et cela n’empêche pas malgré tout certaines longueurs parfois, sans compter les énigmes évoquées plus haut, qui servent clairement à « rallonger » le temps de jeu, les objectifs à réaliser étant répétitifs (et souvent sans réel intérêt, ni plaisir procuré au joueur). Ajoutez à cela une dernière section qui semble un peu précipité, avec une fin que l’on qualifiera même de légèrement bâclée, comme si les développeurs avaient été sommés de terminer le boulot… mais ça ne se peut pas ça, si ?
En terminant le jeu, on profite d’une nouvelle manière de revivre l’histoire. C’est original, et ceux qui ont accroché au jeu seront ravis de le redécouvrir au travers d’un prisme légèrement différent. Hellblade 2 n’est pas parfait donc, loin de là, mais le plus important avec cette suite signée Ninja Theory, c’est de ne surtout pas prendre le jeu pour ce qu’il n’est pas, à savoir un jeu « classique ».