Test F1 Manager 2022 : une première réussie ?
Il est un projet ambitieux de recevoir les droits officielles d’exploitation de la part de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) pour la Formule 1 et d’en faire un jeu de gestion. Quand il s’agit d’Electronic Arts (depuis peu) et son F1 2022, il n’y a pas de trop de risques. Mais quand il s’agit de Frontier Developments, la curiosité laisse place à l’agréable surprise. Heureusement, le studio anglais n’est pas amateur dans l’exercice de création de jeux de gestion. On lui doit l’excellent Elite Dangerous mais surtout les formidables Planet Zoo et Planet Coaster. Un très bon CV en somme. Disponible depuis le 25 aout 2022 sur PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Séries et PC, l’ambitieux F1 Manager 2022 est-il une grande première réussie ou un premier virage manqué ? Notre test complet !
F1 Manager, 22 ans après, le temps fut long…
Il est toujours délicat de créer un jeu de gestion et il est primordial de le rendre très complet, profond et en même temps, accessible et clair pour que tout le monde puisse s’y retrouver. F1 Manager 2022 n’est pas le premier jeu qui prend très au sérieux la gestion automobile avec des monoplaces comme sujet.
C’est avec nostalgie que l’on se rappelle d’ailleurs que c’est bien EA qui avait lancé son F1 Manager dans les année 2000 sur PC. Il s’agissait du premier jeu du genre. Plus récemment, c’est avec l’excellente série des Motorsport Manager sur Android, iOS, Nintendo Switch et même PC que l’on pouvait se prendre pour un directeur d’écurie.
Tout commence par une fabuleuse réalisation
La Formule 1 est la dernière marche de la course automobile. La plus extravagante, la plus spectaculaire et la plus regardée dans le monde. Il était obligatoire de rendre à César ce qui lui appartient. Avec de tel argument comme la licence officielle, Les développeurs ne devaient pas manquer cette marche. On sent d’emblée que la FIA a joué le rôle de Pygmalion dans la création de F1 Manager 2022.
Enfiler le costume d’un directeur d’écurie voilà ce que nous propose cette nouvelle franchise. Gérer le développement de l’écurie, du personnel et des finances sans oublier les incontournables week-end de course ainsi que l’évolution mécanique des monoplaces, absolument tout repose dans vos mains. Le conseil d’administration veillera évidemment à vos résultats et prendra ses décisions en conséquence.
Les habitués de Football Manager ne verront aucune différence dans l’articulation des menus. La boite de réception, l’écurie, le calendrier et le bouton continuer avec la même barre de défilement et les événements associés. Une recette simple et efficace. Pourquoi donc ne pas s’en inspirer ?
Nous sommes d’emblée obligés parler de la réalisation sonore. En un mot : Époustouflante. Accueilli par le thème musical (et la vidéo d’introduction) officiel, vous comprenez tout de suite que vous venez de mettre les pieds en F1. La charte graphique qui intègre notamment la police d’écriture si singulière est évidemment de la partie. Les effets « waou » se multiplient quand vous êtes pris en main par le didacticiel. Ici, le mot d’ordre est accessibilité. A chaque nouveaux menus ou boutons, des explications correspondantes. La F1 est assez compliquée comme ça pour vous laisser seul dans cet enchevêtrement de textes, de données et de chiffres.
On est sincèrement sous le choc devant cette profondeur apparente de gameplay et cet écrin si soigné. Le réchauffement des pneus, la montée en température de la piste, l’évolution des conditions de course, les différents angles de vue de la F1, le ressenti de la vitesse, on s’y croirait tellement qu’on pourrait presque sentir l’odeur de l’essence. La partie sonore est tout simplement hors du temps tellement elle sublime l’expérience sur les pistes. Les effets de radio, les communications entre pilotes et stratèges, les sons moteurs et les commentaires. Tout est parfait sur ce point.
Graphiquement sommaire ?
Il y a cette ambivalence avec les jeux de gestion. Il s’agit principalement de naviguer dans une base de données avec des tableaux ainsi que des chiffres qui se suivent. On ne demande pas à ce type de jeu d’avoir une proposition graphique époustouflante. On se souvient des premiers Football Manager et leurs points colorés qui s’agitaient sur un grand carré vert en guise de terrain. Avec l’avancée de la modélisation 3D, nous avons eu droit à une ébauche de joueurs sans vraiment donner l’impression d’avoir un jeu type PES ou FIFA devant les yeux. Encore une fois, ce n’est pas la commande.
Pour autant, F1 Manager 2022 joue l’antithèse. On aurait pu croire à une proposition graphique simpliste pour ce concentrer sur l’aspect stratégique. Pour notre plus grand plaisir, Frontier Developments n’a absolument pas laissé la réalisation 3D dans le paddock. Ne vous attendez pas à voir F1 2022 devant vos yeux mais dans l’idée, le jeu est très proche du moteur graphique utilisé sur F1 2012, les effets de lumière en plus, et c’est une très bonne chose.
Graphiquement, tout est convaincant, le visage des pilotes est même fidèlement retranscris même si certains font un peu « pâte à modeler ». La modélisation des monoplaces 2022 est parfaite et les circuits sont franchement splendide. Par contre, ne vous attendez pas à l’extase devant votre head quarter, les jardins, les truck d’écuries ou les différentes pièces qui composent votre empire car ils sont tout simplement non existant. Aucune modélisation à déclarer et c’est bien dommage.
Un jeu compliqué ou accessible ?
Il faut le dire, la Formule 1 est un sport mécanique fascinant mais pour le moins compliqué. En regardant les Grands Prix devant notre télévision, on ne se rend pas compte de la vertigineuse profondeur de cette discipline. Excepté les départs, les arrêts au puits (coucou Jacques Villeneuve) et le design des voitures qui changent chaque années, on ne s’intéresse pas vraiment au reste, sauf les passionnés évidemment.
Le jeu fourmille de fenêtres explicatives, d’indices sur les performances et stratégies à adopter. Prenez en compte les conseils de vos techniciens pour le développement des F1 tout en faisant attention aux finances, regarder attentivement la forme du personnel, les affinités avec les pilotes ou encore envoyez vos prospecteurs dénicher de nouvelles pépites ou techniciens. Tout ceci est servi sur un plateau où vous n’avez qu’a faire les bons choix.
Il reste quand même un partie assez délicate à prendre en main et il s’agit des finances et du développement de votre voiture. Il y a des automatismes que le quidam ne connait peut-être pas. Par exemple, au delà de l’amélioration des pièces, il y a aussi leur création, stockage, réglage ainsi que leur répercussion sur les finances à anticiper. Vous pouvez très bien vous retrouver DNF à cause d’un manque de pièces que vous n’aviez pas anticipé. De même pour une mauvaise gestion des finances qui vous rendra au chômage.
Les gestions des pilotes n’est pas non plus aisé. Il faut comprendre les caractéristiques spéciales et la note globale pour appréhender son pilote. Savoir gérer les pilotes numéro un et deux ainsi que leur voiture respective. Il y a toute une profondeur à connaitre mais le tout vient en jouant.
Il reste malgré tout beaucoup de travail
Même si au départ, le jeu est excellent, il y a certaines données qui ne passent pas pour le moment. Par exemple, il est impossible de changer la difficulté. Nous avons remarqué cela quand dès la première saison, il est question de de pouvoir positionner ses deux Haas en deuxième et troisième positions. Ce n’est pas impossible dans la vraie vie mais force est de constater que les chances sont minimes avec tout le respect que nous avons pour Günther Steiner (Team Principal de l’écurie Haas).
C’est cette notion de difficulté et de dosage général qui fait doucement glisser F1 Manager 2022 du terme « exceptionnel » vers « bien ». Par exemple, la gestion de l’ERS est assez épineuse. Il s’agit surement d’un bug mais une fois que l’on comprend le système, il devient quasiment possible de remporter toutes ses courses, ou presque, avec cette gestion de l’ERS et peu importe la voiture. De même pour le DRS qui, à notre avis, est beaucoup trop puissant.
La gestion des pneus semble être cassée. L’efficacité des pneus a l’air optimale jusqu’a 25-30% c’est à dire que votre voiture restera constante jusqu’à là mais ses temps s’amenuiseront de façon exagérée en dessous. Cela ne reflète pas vraiment l’usure normal de votre jeu de pneus censé avoir une usure plus linéaire, mis à part si vous « tapez » dedans bien sûr. Toujours au rayon de la gomme, ne pas voir de différence dans les temps entre le revêtement hard et soft nous laisse perplexe.
On est aussi un peu déçu de constater que les voitures suivent une ligne beaucoup trop flagrante. En ce sens, les pilotes ne prennent pas tellement d’initiative de dépassement voire pire, ils ralentissent quasiment toujours devant un pilote plus lent. Que ce soit en essais libres, qualifications et encore plus rageant, en course. Certaines animations et notamment dans les virages laissent à désirer. Les changements de direction manquent de naturel et l’ensemble fait trop « robotique ».
On a tout de même la sensation que certaines choses sont laissées de coté de façon stratégique. Comme la possibilité de créer son écurie, de pouvoir gérer une carrière en F2 ou F3, de pouvoir personnaliser notre écurie et nos monoplaces avec les sponsors. Etre figé sur la saisons 2022 laisse aussi la rejouabilité dans le bac à graviers. Pouvoir imaginer que des nouveaux circuits puissent intégrer une nouvelle saison aurait été une façon simple d’arranger ça. Nous parlions de ce coté stratégique car il se pourrait bien que certaines features citées plus haut soient facilement intégrées dans une deuxième version du jeu. Stratégique donc.
Notre avis concernant F1 Manager 22
F1 Manager 2022 aurait pu être un jeu d’exception mais soyons honnêtes sur ce que propose Frontier Developments. Faire un jeu de gestion est vraiment délicat. Nul doute qu’il s’agit d’une première version. On pardonnera donc le manque de profondeur sur la durée, l’absence de la F2 ou F3 ou les erreurs techniques. En clair, F1 Manager 2022 fera le bonheur des admirateurs conciliants de la discipline. Au moins pendant les premières saisons dans le jeu. Les adulateurs de F1 sentiront vite les limites du jeu dans son état actuel. En fait, il s’agit d’une excellente base et d’une fracassante entrée sur le segment mais il est clair que si une deuxième version devait voir le jour, il faudrait travailler sur les aspects cités plus tôt dans ce test pour s’approcher de la perfection. Pour le moment, nous sentons juste que F1 Manager 2022 est un bon jeu mais surtout qu’il a un énorme potentiel pour la suite.
F1 Manager 22
On aime
- Le meilleur jeu de sa catégorie
- L'ambiance générale intouchable
- La licence fait des merveilles
- Une superbe modélisation
On aime moins
- Manque de profondeur sur la durée
- La gestion des pneus et l'ERS
- Mécanique finalement un peu simpliste
- Un siège social 3D inexistant, dommage
- Beaucoup d'erreurs de jeunesse