Critique : Le Livre de la Jungle, notre coup de coeur de la semaine !
Difficile de croiser quelqu’un qui n’a jamais vu ou entendu parler du « Livre de la jungle » (« The Jungle Book » pour les puristes). Ce fabuleux classique d’animation, sorti des studios Disney en 1967, s’inspire du livre éponyme de Rudyard Kipling, paru lui en 1894. Ça n’est plus tout jeune, je ne vous le fais pas dire… L’œuvre séculaire de Kipling a connu de nombreuses adaptations en tous genres, allant des long métrages animés vers les séries T.V, en passant par les livres, les bande-dessinées, et même une comédie musicale en 2013.
Mais à titre personnel, tout ce que je connaissais du Livre de la jungle jusqu’à aujourd’hui était le célèbre dessin animé de 67 : celui que j’ai connu enfant et que j’ai également fait découvrir à ma petite fille. Me risquer sur une adaptation live ne m’a pas immédiatement paru indispensable. Je dois même dire que j’avais quelques réserves. Heureusement pour moi, je n’en ai finalement pas tenu compte…
Un très grand classique Disney revisité en live !
Histoire de se remémorer un peu le contexte, le livre de la jungle nous raconte l’histoire de Mowgli, un jeune garçon recueilli au berceau, et élevé en pleine jungle par des loups . Vivant comme l’un des leurs, sous l’œil bienveillant de la panthère Bagheera, Mowgli se retrouve un jour confronté à la dure loi de la nature, incarnée par Shere Khan, un tigre mangeur d’hommes redoutable et cruel qui veut par tous les moyens rappeler à Mowgli sa place dans la chaîne alimentaire de la jungle. Afin de lui échapper, le jeune garçon doit ainsi se résoudre à quitter ceux qui l’ont élevé, et se rendre au village des Hommes pour rejoindre les siens. Mais le périple sera difficile…
Une 3D quasi parfaite…
Autant annoncer la couleur tout de suite : le rendu visuel de cette mouture 2016 est tout bonnement exceptionnel. La motion capture a rarement été aussi hallucinante de beauté et de réalisme, au point qu’on a réellement la sensation de se trouver en présence de véritables animaux (alors qu’ils sont tout numériques). C’est une vraie claque. Inutile de préciser qu’il en va de même pour les décors, d’une splendeur totale.
Ce qui saute aux yeux, c’est cette « humanisation » des animaux entourant le seul vrai humain du film : Mowgli. Tous les personnages emblématiques de l’histoire sont magnifiquement représentés (Baloo, Bagheera, Kaa,…), mais l’un d’eux franchit encore une étape supérieure, et se distingue, selon moi, très nettement de tous les autres : Shere Khan. Cet énorme tigre, trapu et musclé, a un charisme et une présence qui crèvent l’écran, à faire passer les pires méchants du cinéma pour des nouveaux nés. Attention toutefois aux plus jeunes spectateurs qui pourraient frémir (ça a été le cas durant ma séance).
Visuellement chiadé… mais pas seulement !
Je ne vais pas forcément m’appesantir sur l’intrigue, qui respecte avec soin la trame originale de l’œuvre de Kipling. Malgré le cahier des charges imposé par l’histoire, John Favreau, le réal à qui l’on doit surtout Iron man 1 & 2, ne s’est pas reposé sur ses lauriers, et propose une mise en scène rythmée et dynamique, manipulant sa caméra avec une fluidité stupéfiante. La fuite en avant de Mowgli et ses escapades dans une jungle hostile permettent justement ce rythme, et les prises de vue effectuées en réel (en non en 3D) démultiplient le réalisme des séquences.
Côté histoire, on appréciera la façon dont les animaux croisant la route du petit humain tentent de le manipuler, que ce soit par bienveillance ou intérêt personnel. Chacun des personnages, en plus d’être attachants aussi bien qu’effrayants le cas échéant, occupent une place prépondérante dans le déroulement de l’intrigue. J’avoue toutefois regretter de ne pas avoir assez vu de Kaa, cet énorme serpent au regard hypnotique qui m’avait terrorisé lorsque j’étais enfant.
Cette version live s’offre même le luxe de proposer deux ou trois séquences chantées, avec le cultissime passage obligé « il en faut peu pour être heureux ». Moi qui ne suis pas vraiment un fan des dessins animés trop musicaux façon « Reine des neiges », je dois dire que je me suis très facilement pris au jeu, d’autant que les passages chantés ne sont pas très nombreux, et s’apprécient donc mieux encore.
Ce qui change du dessin animé original
Là où le premier animé de 67 entretenait une ambiance enjoué et profondément enthousiaste, cette relecture de Favreau a un petit côté sombre assumé franchement plaisant et équilibré, destiné à rassembler un public adulte. Certaines répliques laissent également penser que ces derniers ont toute leur place dans la salle de ciné, alors que l’animé original était clairement dédié à nos chères têtes blondes. Pour s’en convaincre, il suffit d’entendre résonner dans la salle tantôt les rires d’adultes, tantôt ceux d’enfants (j’ai entendu une petite fille demander à sa mère : « maman, ça veut dire quoi, propagande? »).
Les émotions sont au rendez-vous du début à la fin. Il y en a pour tout le monde. Et quand vous vous rendez compte que votre bouche prend toutes sortes de formes pour exprimer ces émotions au cours du film (des « O » et des « A » surtout!), vous comprenez que ce que vous vivez ici est un pur moment de cinéma. A mon sens, cette qualité indéniable (et pas si fréquente d’ailleurs) fait de ce Livre de la jungle 2016 un incontournable.