Un grand pas pour l’humanité ?
No Man’s Sky, c’est l’histoire d’un jeu d’exploration spatiale dévoilé en grandes pompes en 2013 par Hello Games à l’occasion du VGX Awards. Le studio britannique connu pour le jeu indé Joe Danger, revendiquait à l’époque un titre ambitieux dont le contenu reposerait sur un moteur de génération procédurale. Entendez par ici que l’univers dans lequel le joueur évolue est non seulement constitué de 18 446 744 073 709 551 616 planètes explorables mais également que ce même univers se génère de manière « aléatoire controlé » au fur et à mesure de l’avancement du joueur. C’est finalement après quatre années de développement, le 10 août 2016, que No Man’s Sky s’offre aux joueurs PlayStation 4 et PC pour une aventure disons audacieuse ? Réponse dans notre test.
Perdus dans l’espace
Dans No Man’s Sky vous incarnez un protagoniste dont vous ignorez l’identité. Sans nom, ni même la possibilité de découvrir son apparence, le titre, dont les thèmes principaux sont l’exploration et la science fiction, opte pour un point de vue à la première personne pour une meilleure immersion du joueur dans l’univers. À ce titre, chaque point de départ est différent. En effet, si le début de l’aventure de No Man’s Sky peut paraitre déroutant il a pour mérite de poser rapidement les bases. Chaque joueur se réveille sur une planète générée aléatoirement, à proximité d’un vaisseau endommagé qui n’est autre qu’un prétexte pour présenter l’une des principales activités que vous passerez très clairement la plupart du temps à effectuer : la recherche de matériaux et la création d’éléments. Si votre premier objectif consiste à réparer votre moyen de locomotion dans le but de quitter votre première planète, le jeu vous invite à rallier le centre de l’univers en naviguant de galaxie en galaxie le tout sans chargement. Bluffant.
Courageux, pas téméraire ?
Qu’on se le dise, depuis son annonce No Man’s Sky s’est très vite fait une réputation notamment grâce à un soutien de la part de Sony auprès du titre développé par un studio indépendant mais également dans sa communication réalisée auprès des joueurs par Sean Murray (responsable projet/développement). Une communication qui, dès la sortie du jeu, a rapidement fait couler beaucoup d’encre notamment sur des fonctionnalités évoquées mais qui dans les faits ne sont pas avérées. La rencontre entre joueurs étant la plus marquante : si dans l’immensité de l’univers de No Man’s Sky la probabilité que les joueurs puissent se rencontrer est proche du zéro, elle n’en reste pas moins envisageable. Sauf qu’en réalité, ce n’est pas le cas ! Des joueurs en ont fait les frais le jour de la sortie à l’occasion d’un live sur twitch allant même jusqu’à dérouter Sean Murray.
Two players finding each other on a stream in the first day – that has blown my mind
— Sean Murray (@NoMansSky) 10 août 2016
En résulte selon nous un titre courageux mais pas téméraire. Explications. No Man’s Sky nous ramène indéniablement à l’époque du Commodore Amiga où l’on passait des heures sur Frontier Elite 2. Si l’on doit faire le parallèle avec le titre de Frontier Developments, on retrouve dans No Man’s Sky des similitudes. À l’exception près que No Man’s Sky ne vous impose pas d’être commerçant. Si c’est bien évidemment un des moyens de gagner des unités (argent du jeu) en vue d’acheter de nouvelles ressources, le joueur possède le libre arbitre d’être un explorateur, un pirate de l’espace, un guerrier ou un commerçant. Autant de possibilités qui laissent un vaste champ d’action sur le papier mais dont les premières heures totalement happantes de par l’ambiance visuelle et sonore finissent par s’essouffler. Oui car si No Man’s Sky est un jeu ambitieux doté du plus grand terrain de jeu vidéoludique, il semblerait qu’Hello Games se soit trop attardé sur son moteur de génération aléatoire et pas suffisamment sur l’expérience proposée au joueur.
Prétexte à l’exploration
La quête principale consiste à rejoindre le centre de l’univers. Pour se faire, le joueur devra réussir à obtenir tout un tas d’éléments nécessaires à la construction de pièces pour son vaisseau. Pour trouver ses améliorations, le joueur devra donc aller de planètes en planètes afin de rencontrer les différentes terres hostiles qui s’offrent à lui, toutes avec une faune et une flore totalement aléatoire. À l’aide de votre scanner, vous pourrez voler non loin du sol afin de détecter toutes traces de vie extra-terrestre. Chaque avant-poste étant une découverte, le joueur est invité à les partager dans l’Atlas (sorte de Wiki en ligne de No Man’s Sky). À mesure des découvertes, vous trouverez des plans permettant d’améliorer votre équipement. Dans No Man’s Sky la survie est une composante omniprésente. Combinaison, pistolet d’extraction sont vos outils qui vous maintiennent en vie. Le climat pouvant changer d’une planète à l’autre, l’amélioration de votre équipement aura donc des conséquences dans la progression à pied dans le but d’extraire les ressources nécessaires à votre inventaire. D’ailleurs, toutes les planètes ne disposent pas des mêmes ressources. Ce qui obligera le joueur à se rendre à différents endroits pour trouver toutes les matières nécessaires pour construire ou alimenter une technologie de l’inventaire. Amusante au départ, cette course à l’extraction en devient vite lassante car très répétitive. Ceux qui apprécient Minecraft devraient en revanche être ravis. Si toutefois l’extraction ne vous plait guère, vos rencontres avec les races extra-terrestres permettront de faire entre autre du commerce. Mais là encore une autre difficulté s’impose au joueur : la communication.
En effet, si vous souhaitez pouvoir comprendre les quelques dialogues des races, vous allez devoir explorer les planètes à la recherche de stèles qui renferment du vocabulaire. Sympa, sauf qu’on a le sentiment que cette chasse est un prétexte pour pousser le joueur à chercher… Au final, on fini rapidement par se rendre aux stèles si elles se situent à proximité d’un point que l’on visite, mais l’on ne s’attardera pas nécessairement à dépouiller toutes les planètes pour en extraire le vocabulaire des différentes races. Dommage. Le jeu renferme également quelques énigmes ! Au départ intéressantes, on s’aperçoit très rapidement que la suite de chiffres à découvrir ne changent pas de logique tout au long du jeu. On fini donc par simplement inverser des chiffres ou trouver le nombre permettant d’atteindre le prochain résultat, ceci afin de débloquer des emplacements vers des vaisseaux abandonnés ou des ruines abritant des stèles… Peut mieux faire.
Sean Murray l’a dit, la probabilité que les joueurs puissent se rencontrer est proche du zéro. Toutefois, nous avons du mal à comprendre pourquoi dans cet univers si vaste, il est plus facile d’être au contact d’entités extra-terrestre alors que la présence de joueurs auraient pu renforcer les interactions et l’économie interne du jeu. Troc de ressources, batailles spatiales, lancer un signal de détresse sont autant de points qu’ils nous tardent de retrouver dans ce titre ambitieux mais dont la hype semble totalement avoir dépassé les objectifs fixés par Hello Games.
Ergonomie perfectible
Si la maniabilité du titre est similaire avec d’autres FPS, on ne peut malheureusement pas en dire autant de l’ergonomie. À commencer par les menus. Ces derniers ne sont pas des plus accessibles. Le mouvement du stick, les multiples actions rendent le tout pas très pratique. Le système d’inventaire est très, voir trop limité. Ce qui oblige bien souvent à supprimer des ressources pour pouvoir crafter des éléments. S’il reste bien évidemment la possibilité d’améliorer les emplacements de sa combinaison et, ou, changer de vaisseau pour améliorer la capacité de stockage, on se rend vite compte que la technologie qui peut équiper ses derniers est indispensable si l’on souhaite pouvoir extraire rapidement ou bien se battre efficacement dans l’espace. Oui car les dog fights ne sont pas symbole de réussite. D’une part car les combats sont rarement équitables : vous vous retrouvez dans un conflit non désiré et vous aurez beau utiliser un booster pour vous en éloigner, si l’IA du jeu a décidé d’engager le combat, c’est peine perdue. D’autre part car c’est souvent à deux voir trois ou plus que les ennemis attaqueront votre vaisseau. De base l’esquive est quasi nulle, l’ennemi arrive plus facilement à vous toucher que l’inverse. Frustrant, d’autant plus que le seul moyen de vous protéger est de recharger le bouclier de votre vaisseau. Sauf que dans les faits, il faut passer par l’inventaire de ce dernier afin de recharger la technologie avec les ressources adéquates. Enfin… si vous en avez sur vous vu que votre inventaire est limité ! Et on a tendance à balancer ce qui est commun et conserver ce qui est rare ! Sauf que le vaisseau s’alimente en commun… Bref, déroutant surtout quand on ne veut pas prendre part à l’affrontement… Cela n’aura aucune conséquence dramatique si ce n’est celle de créer une tombe et de récupérer votre inventaire à votre prochaine réapparition. Mais c’est suffisamment gênant lorsque son continuer son périple après la visite tranquille d’une planète. Il ne faut donc pas négliger l’équipement de votre vaisseau afin d’avoir l’avantage lors d’affrontements.
Beau de loin, loin d’être beau ?
Ne mentons pas. Nous ne pouvons que saluer l’initiative d’Hello Games que de proposer un titre aussi vaste et dont les composants reposent sur de la génération aléatoire contrôlé à l’aide d’un algorithme. De ce côté, le challenge est clairement relevé. Visuellement, la palette de couleurs et le style visuel donnent à No Man’s Sky sa propre identique graphique difficilement comparable avec d’autres jeux. Et c’est tant mieux, car c’est aussi comme ça qu’il se distingue. Cependant, à vouloir tout rendre accessible sans temps de chargement font que d’autres soucis apparaissent. Le jeu présente énormément de clipping et le cycle jour/nuit ne parait pas naturel si l’on observe les ombres sur le sol. Pire encore, dès lors que le joueur épuise une ressource sur une planète, elle ne doit pas réapparaitre. Si à proximité d’un rocher les minerais n’apparaissent plus, le gros bloc extrait auparavant repop de nouveau si l’on s’éloigne en vaisseau. Comme s’il était nécessaire qu’un calcul se fasse en fonction de la proximité du minerais pour indiquer sa disponibilité au joueur. En revanche, nous n’avons pas constaté de ralentissement. Et ça, c’est plutôt positif malgré les détails évoqués précédemment.
Test réalisé à partir d’une version presse PlayStation 4