The Neon Demon : vision dérangeante du mannequinat ?

Présenté cette année au festival de Cannes et sorti en salle le 8 juin 2016, The Neon Demon est le dernier film par Nicolas Winding Refn. Le réalisateur de Drive et Only God Forgives au style bien particulier est de retour sur nos écrans avec un thriller d’épouvante sur fond de mannequinat à son image : dérangeant, gore et artistique. The Neon Demon narre l’histoire de Jesse, une jeune adolescente qui se rend à Los Angeles dans le but de réaliser son rêve : devenir mannequin et dont la beauté tantôt fascine, tantôt attise la jalousie. Son ascension fulgurante dans ce milieu d’apparences fait rapidement d’elle un top modèle, mais au sommet de son art elle est en proie aux convoitises et se demande si ce rêve n’est finalement pas un cauchemar. Décryptage.

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Quand Winding Refn réalise la Mode

Le cinéma par Nicolas Winding Refn c’est un peu comme le mariage : pour le meilleur et pour le pire. Après des critiques dithyrambiques en 2011 pour Drive avec Ryan Gosling et fort de son succès, le réalisateur danois semblait destiné à un grand avenir sur la scène hollywoodienne. Mais plutôt que de poursuivre sur la voie du block buster/cash machine, Refn, tel un autiste, s’entête à rester de nouveau dans son monde afin de sortir son cinéma, un cinéma qui bouscule les codes habituels, qui divise, qui dérange. The Neon Demon ne déroge donc pas à la règle et les deux heures de temps du film jouissent littéralement d’une mise en scène totalement artistique, avec des plans et des couleurs que l’on connait bien pour l’expression des émotions, ainsi qu’une bande originale totalement envoutante composée par Cliff Martinez.

Les ingrédients sont donc au rendez-vous pour ce film qui, ne le cachons pas, s’est fait attendre à la rédaction. Car oui ne soyez pas étonnés, si vous n’êtes pas familier avec ce réalisateur le résultat risque de vous surprendre. Le film, présenté à Cannes, n’a d’ailleurs pas reçu un accueil très positif. Mais qu’importe ! Que l’on aime ou que l’on déteste, ce dernier fait parler de lui. Il dérange, parait totalement perdu dans le propre délire du réalisateur, mais illustre une vision du monde du mannequinat en abusant des métaphores et différents codes du cinéma : érotique, gore, émotionnel, sensuel.

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Jena Malone joue le rôle d’une maquilleuse
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Comme à l’accoutumée, la palette de couleurs utilisée par Refn est sublime
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Érotisme, gore, sensualité…

Les puristes l’auront remarqué, Refn réalise un film dont la femme est le sujet maitre. À l’écran, c’est Elle Fanning qui incarne le personnage principal. Jesse s’apparente à un ange, créature dangereuse, à un puma en proie à la meute de loups. Totalement happé par sa beauté, les autres femmes respectivement jouées par Jena Malone (Hunger Games, Sucker Punch), Bella Heathcote (Timeout) et Abbey Lee (mannequin) illustrent quant à elles un sentiment particulier exprimé à l’égard du personnage de Jesse. Le désir, la jalousie et la haine. Si Keanu Reeves et Karl Glusman figurent bien au casting aux côtés de Christina Hendrix, ils ont cependant un rôle bien moins mis en valeur durant le film, relayant par la même occasion l’Homme au second plan.

Ce compte de fées ré-interpré par Refn, narrant l’ascension d’une orpheline de province dans une ville de tous péchés, frôle pourtant la folie. Bien loin de ce qu’à pu nous proposer Black Swan, The Neon Demon plonge le spectateur dans un univers où l’obsession, le narcissisme, la réussite et la célébrité prédominent, abusant même des critères imposés par la mode pour transformer les top modèles affamés en vampire et même cannibale. L’illustration de la beauté prend différentes formes jusqu’à son paroxysme : le dégoût, l’écoeurement mais dans un style totalement assumé. Donnant lieu à des plans totalement saisissant à l’instar de la séquence dans le night club pour ne citer qu’elle. Le spectateur étant invité à jouir visuellement.

En résulte au final un film où le superficiel règne, entre gloss, paillettes et chirurgie esthétique dans la quête de la beauté absolue. The Neon Demon est un concept à lui même, qui nous a agréablement envouté par sa mise en scène, ses métaphores, sa vision totalement perchée et sa bande son à vous faire planer.

Notre avis concernant The Neon Demon

Présenté cette année au festival de Cannes et sorti en salle le 8 juin 2016, The Neon Demon est le dernier film par Nicolas Winding Refn. Le réalisateur de Drive et Only God Forgives au style bien particulier est de retour sur nos écrans avec un thriller d’épouvante sur fond de mannequinat à son image : dérangeant, gore et artistique. Si nous apprécions le cinéma de Refn, il est en revanche difficile en se plaçant d’un autre point de vue d’en dire autant. The Neon Demon peut en effet dégager l’expression d’un artiste totalement enfermé dans ce monde et à des kilomètres d’un cinéma plus conventionnel. Nous ne pouvons que vous inviter à être curieux en découvrant cette oeuvre.