À l’affiche depuis le 11 novembre 2015, 007 : Spectre est l’un des films de cette fin d’année les plus attendus par les fans de la saga et par le grand public. Et pour cause, l’excellent Skyfall au rythme crescendo a laissé le spectateur sur une touche finale sombre dont nous sommes si peu habitués à voir dans la série. Depuis l’ère Sam Mendes et Daniel Craig, qui a démarré en 2006 avec Casino Royale, le ton est donné. Il ne s’agit plus d’enchainer les épisodes sur un modèle précis, mais bien au contraire d’y construire une intrigue au second plan qui prendra son sens le moment voulu. Et c’est précisément à cet instant que 007 : Spectre prend place.
James Bond des temps modernes
007 : Spectre reprend donc l’intrigue là où elle avait été laissée. Le MI-6, en ruine, voit sa situation se compromettre : les techniques d’espionnage classiques sont désormais menacées par les nouvelles technologies du renseignement et les récents évènements vont faire naitre un démantèlement du service. Gareth Mallory alors nommé nouveau M doit faire face à Max Denbigh surnommé C et à l’arrivée du programme « Neuf Sentinelles », sorte de big brother à disposition des neufs gouvernements et voué à remplacer la section double zéro jugée inefficace.
Quant à Bond, sur ordre adressé par feu M (ndlr : Barbara Mawdsley/Olivia Mansfield pour ceux qui n’auraient pas suivi), il se rend à Mexico au moment de la fête des morts dans le but d’éliminer Marco Sciera et se rendre à ses obsèques. Ce qui constitue d’ailleurs la magnifique scène d’introduction du film qui ne nous a pas laissé indifférent.
On y retrouve un Daniel Craig toujours aussi impeccable, accompagné par le personnage d’Estrella, une belle brune incarnée par Stephanie Sigman à l’écran. La mise en scène quant à elle à de quoi impressionner : un plan séquence de toute beauté, des explosions, de la destruction et un brin d’humour, bref tout y est !
Un James Bond pour les fans ?
Casino Royale, Quantum of Solace et Skyfall, tous, ont introduit différents personnages emblématiques (le Chiffre, M.White, Raoul Silva) qui ont permis à Bond de remonter jusqu’à l’organisation secrète nommée Spectre. Contrairement à la plupart des adaptations à l’écran du roman de Ian Fleming, depuis 2006 avec Casino Royale, c’est un tout jeune espion ayant obtenu la « licence to kill » que nous avons découvert.
Il était donc légitime pour Sam Mendes de construire ses films en ce sens et de profiter de cette opportunité d’exploitation de la licence pour introduire avec subtilité Franz Oberhauser qui n’est autre que le plus populaire des antagonistes de la série : Ernst Stavro Blofeld. Un coup de génie que les fans de la première heure ont surement vu venir, mais qu’importe qu’est-ce que c’est bon !
Alors bien évidement, passé cet attachement que nous avons à la série, en tant que simple spectateur nous sommes en mesure de nous poser des questions.
C’est vrai, avoir en mémoire tous ces détails est compliqué, surtout après un Skyfall dantesque ! Et c’est justement là, la difficulté de 007 : Spectre. Il a en effet l’ingrate tâche de passer après Skyfall qui, rappelons-le, reste l’épisode le plus rentable de la saga James Bond, tous films confondus.
Force est de constater que la prestation des personnages est en deçà de Skyfall. Oberhauser incarné par Christoph Waltz laisse une impression moins forte que le personnage de Raoul Silva endossé par Javier Bardem. Le film présente également quelques longueurs, parfois non justifiées et occulte rapidement certains personnages à l’instar de Monica Bellucci qui, à plus de 50 ans, nous prouve que le rôle de James Bond girl n’est pas uniquement réservée aux arrivantes. Dommage.
Léa Seydoux quant à elle y incarne Madeleine Swann, une psychanalyste qui accompagne Bond. Convaincante dans son rôle, son charme est très largement mis en valeur notamment dans la scène du train où elle porte une robe satin et n’hésites pas à manier l’arme à feu !
Un Bond plus classique
Ne nous y trompons pas. 007 : Spectre est au global plus subtil que son prédécesseur. Il se délecte plus lentement et permet de déceler ici et là, les détails déjà servis dans les précédentes adaptations de l’espion britannique. Ainsi Oberhauser laisse entrevoir un profil excentrique qui donne froid dans le dos.
Les multiples boutades et clins d’oeil dissimulés permettent également d’établir un lien avec les épisodes d’antan, même si il semble aujourd’hui difficile, de par l’époque et l’univers, de conserver ce côté « vintage ». L’intrigue est en tout cas cohérente avec ce qu’il pourrait se passer aujourd’hui dans notre société, notamment sur la mise à disposition d’un programme informatique aux gouvernements, pour contrôler sa population (Prism / NSA).
S’il ne faut pas s’attendre à un film aussi rebondissant que Skyfall, Spectre s’en sort haut la main. Les fans apprécieront le dénouement, tandis que les autres lui trouveront un goût moins prononcé. Vous voilà informé !