La fin de la Démo ?
Les « vieux » gamers vous le diront, rien de tel qu’une bonne démo pour se faire un aperçu d’un jeu vidéo. Pas de « Let’s Play« , de « Level One« , de « First 15 minutes » et autres « On a joué pour vous » à visionner sur Youtube. Non ! Rien de plus convaincant que cette fameuse démo qui nous permet de jouer, par nous même, à un simple niveau (parfois moins même) de ce jeu qui nous fait tant envie. Une pratique autrefois très répandue, limite « normale« , mais qui est étrangement tombée dans l’oubli ces dernières années…
En effet, on se souvient (presque) tous du fameux CD de démo proposé avec le PlayStation Magazine à l’époque, avec la possibilité de tester divers jeux déjà sortis ou à venir. Certains se jetaient d’ailleurs en premier sur le CD de démos avant le magazine en lui-même, pour tester ce fameux Crash Team Racing dont on parle tant, ce Gran Turismo 2 si prometteur, cet étonnant Onimusha ou ce Ratchet & Clank qui sort dans quelques mois et qui parait si novateur !
Mieux encore, certains éditeurs n’hésitaient pas à inclure une démo d’un jeu à venir dans la boite d’un jeu disponible en boutiques, ce qui suffisait parfois à en booster les ventes d’un jeu souvent un peu faiblard. On pense ainsi à Zone of the Enders sur PS2, qui contenait en exclusivité la démo de Metal Gear Solid 2 (ce qui avait suffi à faire débourser 399 francs à de nombreux joueurs), mais aussi à Resident Evil Code Veronica X, qui contenait de son côté la démo (en 50 Hz) de l’exceptionnel Devil May Cry. Sur PSOne, on se rappelle également de ISS Pro ’98, qui contenait lui aussi un CD de démo du tout premier Metal Gear Solid.
Aujourd’hui, malgré les PlayStation Store et Marché Xbox Live qui pourraient littéralement déborder de démos de titres parus et à venir, il faut l’avouer, c’est un peu la loose côté démos…. Récemment, c’est le jeu DOOM qui a bénéficié d’une démo jouable, quelques semaines après la sortie du jeu, avec une annonce qui a fait figure de petit évènement… un « évènement » pour l’annonce d’une démo, voilà donc où nous en sommes. Plus proche de nous encore, c’est Resident Evil 7 qui a offert une belle mise en lumière au PS Plus, avec une démo exclusivement disponible pour les abonnés. De « déclencheur d’achat » en amont de la sortie d’un jeu, la démo jouable semble être devenue l’ultime recours de la part de certains éditeurs, pour convaincre les joueurs du potentiel de leur jeu, après la disponibilité de ce dernier… et bien souvent pour tenter de booster des ventes très moyennes. Dommage.
So 2000’s la démo jouable ?
En des temps moins reculés, on se souvient par exemple du marché Xbox Live de la Xbox 360, qui proposait systématiquement une version de démonstration de chacun des jeux Xbox Live Arcade proposés, avec la possibilité de déverrouiller (et donc d’acheter) ou non la version complète en un simple clic. A l’époque des Mammouth (le magasin, pas l’animal) et autres supermarchés Continent, combien d’entre nous ont gentiment accompagné nos parents faire les courses simplement pour pouvoir jouer quelques minutes à cette démo révolutionnaire de Sonic CD, sur une borne de jeu installée entre le dernier Herbert Léonard et l’édition VHS de La Grande Vadrouille ? Et que dire de la borne de démo Super Nintendo avec le sensationnel Street Fighter 2, qui aura contraint de nombreux parents à offrir une Super Nintendo à leur enfant au début de l’été, en cas de passage en classe supérieure !
Aujourd’hui, les démos semblent littéralement faire partie d’un passé relativement lointain, avec des PS Store et Xbox Live qui proposent certes quelques démos ça et là, mais avec la force du web et la vitesse des connexions, il serait possible de profiter de très nombreuses démos jouables, de tous les jeux (ou presque) disponibles chez nos revendeurs favoris. Malheureusement, alors que l’on pouvait (très justement) s’attendre à une profusion de démos pour permettre au plus grand nombre de tester telle ou telle nouveauté, la démo en 2016 (et depuis quelques années maintenant) fait étonnamment figure d’exception.
Selon certains développeurs, en plus du temps nécessaire à la création d’une démo jouable proposée gratuitement, la principale crainte serait de voir le joueur « se contenter » finalement de cette même démo. A titre d’exemple, certains se contentent clairement des démos de PES et de FIFA, même si ces dernières ne proposent qu’une infime portion du jeu complet… Reste à savoir le pourcentage de joueurs concernés. Bien sûr, on imagine également que certains studios se refusent sciemment à proposer une démo jouable, préférant que le joueur craque une cinquantaine d’euros en espérant profiter d’un jeu correct, plutôt que de lui proposer une version jouable qui éviterait ce même achat…
A contrario, combien d’entre nous ont déjà mis la main au portefeuille après avoir testé la démo de Resident Evil 2 sur PS One, ou même celle de Gran Turismo, de Die Hard Trilogy, de Devil May Cry, de God of War, de Toca Touring Cars, de Jak & Daxter… ? Des démos qui permettaient souvent de découvrir certaines pépites parfois, comme Tobal par exemple. Fut un temps, les boutiques de jeu vidéo distribuaient allègrement des CD de démos à l’époque des PS2/Xbox/GameCube, et on se souvient par exemple des versions de Mercenaries, de Sly Raccoon, de Medievil, de Parasite Eve 2, Soul Calibur III et autres Maximo qui ont convaincu plus d’un joueur du potentiel du jeu, alors que ce même joueur serait certainement passé à côté de ce même titre sans la présence de la démo jouable…
Bref, malgré tout l’intérêt de la démo jouable, et tout l’amour que nous lui port(i)ons, il semble plus que certain que cet aspect du jeu vidéo fait irrémédiablement partie du passé. Ce qui était jadis un élément habituel, voire normal, dans le processus de marketing d’un jeu vidéo à venir, s’est aujourd’hui transformé en une « annonce surprise« , un « cadeau » offert gracieusement aux joueurs, voire une roue de secours pour certains jeux disponibles depuis quelques semaines, et dont les ventes sont en dessous des objectifs. Mouais…. Certains (re)diront : « pour les démos aussi, c’était mieux avant« , et ils ont sans doute un peu raison…