PlayStation Classic : les raisons d’un échec (annoncé ?)
Disponible depuis le 3 décembre dernier, la PlayStation Classic de Sony avait de grandes ambitions, à savoir nous faire revivre les sensations (pures) des années phares de la console lancée en 1994 (au Japon). Toutefois, moins d’un mois après son lancement, la PlayStation Classic est déjà bradée, avec plus de 40% de réduction sur le prix initial. Un échec prévisible selon nous…
Les 20 jeux inclus
La PlayStation est une console qui a fait rêver plus d’un joueur. Le catalogue de hits est absolument immense, et résumer la PlayStation à seulement 20 jeux est juste impossible… Toutefois, même si des concessions étaient évidentes, il était largement possible de dégoter 20 hits incontestables. Avec sa PlayStation Classic, Sony a certes intégré des titres comme Resident Evil, Metal Gear Solid ou encore Final Fantasy VII, mais le géant nippon a « oublié » quelques titres phares…
En effet, comment ne pas tiquer face à l’absence de jeux qui ont fait l’Histoire de la PlayStation comme Gran Turismo, MediEvil, Castlevania Symphony of the Night, Crash Bandicoot, Spyro the Dragon, Tomb Raider, Crash Team Racing, Soul Reaver, Alundra, WipEout, Driver, Silent Hill, Tombi… Difficile également de comprendre la présence d’autres titres comme Rainbow Six ou encore Twisted Metal, ou même Cool Boarders 2, Super Puzzle Fighter 2 Turbo et Mr Driller…
Certes, chez les Nintendo Mini et Super Nintendo Mini, il manque également quelques jeux, mais « la base » est bien là, contrairement à cette PlayStation Classic. Une playlist forcément décevante donc, mais ce n’est pas tout…
Des jeux en anglais ?!!
Car oui, non seulement le catalogue de jeux proposés par la PlayStation Classic n’est pas dingue, mais en plus, certains d’entre eux sont en 50 Hz, d’autres en 60 Hz… et la majorité en anglais. Hormis GTA et Rainbow Six, tous les titres de la PlayStation Classic sont en anglais, y compris Final Fantasy VII, Resident Evil et Metal Gear Solid. Frustrant…
Certes, le joueur de l’époque approche aujourd’hui la trentaine ou la quarantaine, et maîtrise sans doute un tant soit peu l’anglais, mais quelle frustration de ne pas pouvoir retrouver les jeux d’origine, pourtant bien en français à l’époque…
Le prix
Avec un prix de 99 euros (au lancement), Sony affichait de belles ambitions avec la PlayStation Classic, livrée avec deux manettes. Pourtant, au vu de la playlist, difficile de débourser aveuglément une telle somme pour profiter finalement de 4 ou 5 jeux réellement intéressants. De même, sur le marché de l’occasion, pour la même somme, il est possible de mettre la main sur une PSOne d’époque avec une jolie flopée de jeux…
Sony a visiblement été trop gourmand sur le prix de sa PlayStation Classic, et c’est sans doute l’une des principales raisons de l’échec de la machine, au-delà même de ses lacunes en termes de jeux et d’interface.
L’interface…
En effet, si certains pensaient retrouver une interface chiadée, rappelant celle de l’époque, il n’en est rien. Sony a opté pour un habillage ultra-basique, sans le moindre élément rappelant la console d’origine. Les jeux sont livrés sans le moindre bonus, la console ne propose pas la moindre option, et on sent que le tout a été rapidement bouclé/bâclé pour sortir avant les fêtes de Noël. On aurait pu penser que Sony allait intégrer un petit musée, des artworks, des informations sur la console, sur les jeux… mais non.
Le tout tourne sous un émulateur open-source qui peine même à retranscrire certains jeux… Dommage, car le look de la console est juste parfait ici, avec une reproduction très fidèle et de grande qualité. Côte software en revanche, quelle catastrophe…
Les limites de la nostalgie
Enfin, un autre point qui a certainement joué en la défaveur de la PlayStation Classic : la nostalgie. En effet, si retrouver un jeu 8 bits ou 16 bits, en 2D, conserve un vrai charme aujourd’hui, il est difficile de s’émouvoir de la même façon face à la 3D balbutiante de l’époque et aux polygones saillants de l’ère PlayStation.
Certes, Resident Evil, Metal Gear Solid et Final Fantasy VII conservent un vrai charisme, mais cela ne les empêche pas d’accuser un coup de vieux assez terrible, qu’un Sonic MegaDrive, qu’un Super Mario Bros 3, qu’un Megaman X, qu’un Kirby ou qu’un CastleVania n’accusent pas du tout. Une nostalgie retrogaming qui semble donc trouver ses limites avec les débuts de la 3D, car si une Neo-Geo Mini est très appréciable (grâce à de superbes jeux 2D), on imagine mal s’extasier de la même manière devant une Nintendo 64 Mini et ses jeux 3D…
Pour ce qui est des titres moins emblématiques, comme Jumping Flash, Rainbow Six, Battle Arena Toshinden, Cool Boarders 2, Twisted Metal ou même Syphon Filter, ils sont tout simplement à la limite de l’injouable et de l’inregardable en 2018… J’ai pourtant adoré Cool Boarders 2 et Syphon Filter à l’époque, mais force est d’admettre qu’il est impossible aujourd’hui de jouer plus de 2 minutes à chacun sans saigner du nez…
Une baisse de prix pour relancer la machine ?
Bref, sans même parler tarif, la PlayStation Classic n’a clairement pas assez d’atouts pour convaincre même celui qui a passé des heures sur sa console de l’époque de craquer pour cette version miniature. Entre la playlist à moitié moisie, les jeux en anglais, les titres en 50 Hz, l’interface immonde, l’émulateur en difficulté et cette 3D difficile à regarder aujourd’hui, la console n’a pas vraiment de quoi faire rêver… Proposée directement à 59,99 euros, les joueurs auraient sans doute été un peu plus conciliants, mais à 99 euros, il était juste impossible de laisser filtrer ces nombreux défauts, et donc de passer à la caisse.
Dommage car sur le papier, l’idée de pouvoir profiter d’une PlayStation miniature embarquant la plupart des titres qui ont fait son histoire a de quoi faire saliver plus d’un joueur. Reste à savoir maintenant si la baisse de prix va permettre à la PlayStation Classic de se relancer, mais honnêtement, même à 59,99 euros…